Flash back et Feedback à la façon d’Hercule Poireau

Publié le par L'Eunuque

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— La véritable question est : « Qui pouvait avoir envie, nécessité ou obligation de tuer cette femme ? », répondit Berth.

Wellington ne comprit pas le raisonnement.

— Berth, si j’en viens à me poser cette question, je me retrouve à répondre « personne et tout le monde à la fois ».

— Exact.

— Ecoutez, vous ne voulez pas me dire tout simplement comment vous avez pu le soupçonner et qu’est-ce qui vous a confirmé le fait que c’était effectivement lui.

— Moi je ne veux rien vous apprendre, c’est vous qui voulez tirez un enseignement de cette événement, continua avec ironie le Français.

— C’est ça, insistez bien sur mon impatience et sur mon incompétence.

Les derniers invités quittaient les lieux. Personne, pas même Lady Diana ne s’était aperçu de quelque chose. Wellington dut abandonner Berth quelques instants pour aller rendre des derniers hommages et quelques Salamalecs. Puis, il revint à la charge avec l’énergie du contentement, d’abord, d’avoir fait le bon choix concernant cet homme providentiel, ensuite, il savait que suite à cela on l’entendra mieux et on l’écoutera plus surement.

— Donc, il aurait pu agir aussi par simple envie, comme par défis, questionna Wellington ?

— Encore exact.

— Cela ne me dit pas comment vous avez su que c’était lui.

— Je ne l’aurai jamais su, s’il ne me l’avait pas dit.

Lord Patrick sourit à cette nouvelle révélation.

— C’est encore des « carabistouilles » (en Français dans le texte) pour me faire saliver.

— Je ne suis pas une meneuse de revue. On n’est plus au spectacle. Vous voulez savoir ce qui s’est passé en coulisse tout en restant dans la salle à applaudir.

— Ok, ok, on s’isole

Et ils s’isolèrent enfin et Berth continua.

— Il m’a fallu dans un premier temps absorber comme une éponge tous les regards des invités en espérant détecter un signe quelconque, mais rien. Donc, j’en tire un premier enseignement : « On ne trouve rien à ne pas savoir ce que l’on cherche ». J’ai donc procédé par élimination. Ce ne pouvait être qu’un anglais, ce qui dédouanait un bon tiers de la salle. Puis ce ne pouvait être qu’un homme.

— Cela aurait pu être une femme.

— Elles s’éliminaient d’elle-même. Les tenues de soirée ne permettaient pas ce genre de mission. Il ne restait plus qu’une centaine de personne, alors j’ai pensé que cela ne pouvait être qu’un homme venu seul.

— Juste et évidente déduction.

— Evidence trop évidente pour qu’elle soit juste.

— Si vous éliminez cette évidence, vous êtes obligez de réintégrer les Dames.

Berth fit signe que non.

— Ma conviction était que cet homme avait besoin d’une couverture et que sa femme ou sa fréquentation du moment en était une idéale.

— Sa femme Lisbeth serait donc sa complice ?

— Je ne crois pas. Je pense qu’elle fait partie, au contraire, des victimes. Si sa femme a eut un malaise, je pense que c’est parce qu’il l’avait droguée.

— Mais, ils sont mariés depuis plus de trente ans, c’est un couple sans accros… !

— Donc idéal, donc insoupçonnable.

Wellington secoua la tête comme s’il refusait cette réalité.

— Et pourquoi droguer sa femme, ça n’a pas de sens ?

— Ça en a un et on verra ça plus tard.

Les deux hommes, sachant l’un comme l’autre qu’ils en avaient pour longtemps, s’installèrent dans les fauteuils de la bibliothèque.

— Vous en étiez aux déductions.

— Donc un homme marié, reconnu et convaincu…

—… c’est sûr, faut être convaincu pour en arriver à droguer sa femme. Excusez-moi, continuez.

— Merci. Je me suis encore posé cette question : « Pourquoi s’attaquer à cette Lady ? ». Quelqu’un qui en veut à la royauté ? Quelqu’un qui voudrait tuer la mère avec un futur roi potentiel dans le ventre ?

— Je peux vous assurer que la personne que nous avons arrêtée est un royaliste convaincu.

— Un peu trop sans doute.

— Que voulez-vous dire ?

— Cette Lady Diana qui, depuis des mois, multiplie scandale sur scandale, qui en est à sa deuxième tentative de suicide, qui met à mal le protocole et qui tend à vouloir déstabiliser la famille royale de par son comportement : vous ne croyez pas qu’à la cour, ils ne sont pas quelques fanatiques qui pourrait être convaincu par une élimination purement et simplement de cette princesse prétentieuse et malheureusement de plus en plus populaire ? Peut-être est-ce un proche ? Son mari pourrait être le commanditaire de cette tentative de meurtre.

Lord Patrick devint rouge de confusion.

— Je connais très bien Charles et je peux vous assurer que…

— De même que vous connaissiez très bien celui qui a tenté de tuer sa femme.

Il s’enfonça plus encore dans son fauteuil.

— Mon Dieu, c’est vrai. Je vais devenir paranoïaque désormais. Je vais soupçonner tout le monde. Margareth est peut-être un agent du KGB qui cherche depuis des années à me séduire pour infiltrer les services secrets britanniques ?

— Vous voyez que vous pouvez avoir de l’humour.

— Je ne plaisantais pas. Mais, continuez.

— Mais votre ami n’est pas un fanatique de la royauté, pas plus qu’il n’est commandité par votre copain Charly. Il vous le dira tout à l’heure, car il ne vous cachera rien. Il a fait ça, parce que c’était impensable que cela puisse se faire. Vous me l’avez présenté comme un chasseur émérite avec qui vous avez fait quelques cartons au Kenya, sur des lions qui n’avaient jamais fait chier personne.

— Ça va, votre nouveau copain Georges Chacal nous a déjà servi la soupe tout à l’heure, mais quel rapport avec la princesse de Galles ?

— Votre Lady, c’est un beau défi et un sacré gros gibier.

Wellington refusa encore cette analyse.

— Donc, il se réveille un matin et il se dit : « Tiens, je ferai bien un carton sur un princesse, moi ». C’est grotesque !

— C’est la façon dont vous le présentez qui est grotesque. Cette idée a muri pendant des années. Il fallait des ingrédients spécifiques pour l’inciter à passer à l’action. De l’exotisme et de la symbolique. Tuer une tigresse en Inde. Une salle bondée. Des services de sécurité en alerte. Et surtout, un ingrédient ultime mais indispensable : faire cela sous les yeux et à la barbe d’un ami responsable de la protection de celle qu’il va tuer.

— Il voulait me nuire ?

— Pas exactement. Lorsque vous avez parlé de votre dernière chasse au Kenya, il y a plus de dix ans, vous avez admis, l’un comme l’autre, que rien n’avait pu vous départager. Avec Lady Di, il voulait un trophée de plus que vous.

 

 

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D
<br /> Lady Di, une tigresse ?<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Tigresse façon anglaise.<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> Lady Di en trophée, c'est trop bien ! mais le pilier du pont de l'Alma se chargera d'elle ...<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Comme quoi il n'y a pas de suspens. <br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> Addict au feuilleton Berth l'Eunuque, j'étais en manque de doses depuis quelques jours; ma santé mentale périclitant il m'a bien fallu m'inscrire au programme de désintox de "Oui Oui magazine"...<br /> mais au moment de partir, les valises à mes pieds, le taxi klaxonnant devant chez moi, un dernier clic sur le clavier et ô miracle... un épisode de l'Eunuque !!!<br /> J'ai foutu les valises dans un placard, renvoyé le taxi furieux, perdu l'acompte versé pour la cure de désintox, et je me suis installé devant mon écran... apaisé.<br /> Salut dealer !<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Et si je faisais des épisodes plus longs ? Cela calmerait-il les manques dus aux absences ou cela augmenterait-il les addictions ? Grave dilemme.<br /> <br /> <br /> <br />