La grande braderie où tout doit disparaître.

Publié le par L'Eunuque

— Vous ne pourrez pas changer ce qu’il va se passer, mais vous pouvez faire en sorte que tous les efforts produits n’aboutissent à aucun résultat. Car c’est uniquement à partir de ces résultats que le travail de Pellotier prend un sens et déterminera la poursuite où non de ces expériences.

Louis Meunier avait dit cela à Berth et lui avait expliqué comment il pouvait procéder. C’est de cela que Berth et son père discutaient.

— Puis, notre vie prend un autre sens depuis que nous sommes responsable de ce Russe, avait fini par comprendre Anuqiak. Si nous venions à mourir tous les deux, cela condamnerait ce blanc.

— Père si ce qu’il dit est vrai et aux vues de que ce médecin nous a appris, nous n’avons guère de chance non plus.

— La chance se commande, se provoque. Je crois que ce que le Chaman blanc a dit est juste. Nous ferons cela.

 

Louis Meunier avait attendu longtemps avant que la lumière du baraquement où se trouvait le bureau de Pellotier ne s’éteigne. Le docteur, pour s’y rendre, n’avait pas cherché à se dissimuler, à se rendre plus suspect, sachant que le camp entier était sur le qui vive en attendant l’essai qui devait avoir lieu demain. Lui seul savait que les Inuits ne tenteraient rien ce soir et rien avant l’essai lui même. Meunier avait un double des clefs car l’armoire de produits stupéfiants à usage médical se trouvait dans le même lieu. Il alluma juste un coin de la pièce. Il ne savait pas ce qu’il cherchait, peut-être le moindre indice qui pouvait confirmer et pourquoi pas infirmer ce qui se tramait avec le fameux plan B, qui, à la base, devait être une évacuation de sécurité. Il trouva la sacoche en cuir qu’avait lancé négligemment Bowern sur le bureau de Pellotier et déplia une des cartes. C’était un plan de vol à partir de l’endroit où l’avion « du plan B » était caché. Mais ce qui alerta Meunier c’étaient ces cercles concentriques qui partaient de l’emplacement du camp. Le dernier cercle, le plus à l’extérieur, indiquait la zone de sécurité qu’il fallait atteindre à tout prix.

— Le salaud, dit-il pour lui-même. Il va faire tout sauter, pour ne laisser aucune trace. Le grand nettoyage par le vide. Il y a une deuxième bombe qui va exploser en surface celle-ci. Je ne laisserai pas faire…

— J’ai un peu peur que cela ne soit pas possible, dit une voix derrière lui.

Meunier ne fut presque pas surpris d’entendre Pellotier.

— Jacques, pourquoi cette folie ?

— Nous vivons dans un monde où seuls les plus fous peuvent survivre. Notre mission, ici, dans ce lieu isolé de tout n’existe pas. Elle ne doit en aucun cas laisser de trace. Les traces matérielles sont moins pires que les témoignages. Alors, pchiit, on balaye tout.

— Ce sont des êtres humains avec qui tu as travaillés depuis près de deux mois. Pendant tout ce temps tu savais et cela ne t’a pas fait changer d’avis quant à la finalité de cette mission ?

— Non. Je sais faire la part des choses : La mission en tant que telle et la finalité de celle-ci. Je n’ai pas vraiment le choix non plus. Je ne tiens pas à mourir avec eux. Puis, tu n’as toi non plus rien à craindre puisque tu pars avec moi. Je ne t’ai pas choisi pour tes talents de médecin mais pour tes aptitudes de pilote. Alors, tu vois que tu n’as pas le choix, autre que celui de vivre. A moins, que tu veuilles cramer avec les autres.

— Auquel cas, tu cramerais avec moi.

— Et bien non, plus maintenant. J’ai une solution de rechange en la personne de Bowern, qui, tout comme toi sait piloter. Je préfère que cela soit toi, plutôt que de faire équipe avec ce gros connard. Alors, à toi de choisir. Comme je te l’ai dit, tu n’as pas vraiment le choix.

— On a toujours le choix.

Pellotier pointa son arme en direction du toubib.

— Louis, ne fais pas le con, dit le scientifique d’un air autant désolé que las.

— Ça te plait de jouer à Dieu. De savoir ou de décider qui doit mourir ou vivre ?

— Ça n’a rien à voir. Dieu s’appelle les Etats Unis d’Amérique. Tout ça nous dépasse, toi comme moi, nous ne sommes que de simples pions.

— Un simple pion peut renverser le roi.

— Aux échecs, oui, mais pas dans la vrai vie.

Louis fit un pas de côté.

— Je vais sortir, Jacques.

— J’ai besoin de savoir si tu es avec moi ou contre moi.

— Tu connais déjà ma réponse.

— Tu es le type le plus stupide que je connaisse, si tu crois que je ne tirais pas.

— Je sais que tu le feras…

Et il le fit, avant que le docteur ne passe la porte.

 

Bowern et deux de ses hommes étaient dans la pièce. Ils avaient accouru en entendant le coup de feu. Pellotier tenait encore son arme lorsqu’ils sont arrivés.

— C’est une regrettable méprise, dit Pellotier en jouant la comédie.

­— Putain, Pellotier, vous avez flingué le Doc, vociféra Bowern pour donner le change, car lui n’était pas dupe.

— J’ai cru que c’étaient un des deux indigènes qui m’avait menacé.

— Embarquez le Doc, vous deux.

Les deux hommes, sans état d’âme, soulevèrent le corps et le sortirent du baraquement. Un filet de sang les suivi jusqu’au dehors. Bowern ferma la porte.

— Maintenant, dites-moi ce qui s’est réellement passé.

— Ce que je viens de dire et rien d’autre.

— Je ne vous crois pas.

Bowern se baissa pour ramasser les fameuses cartes.

— Il avait trouvé ceci, n’est-ce pas ? Qu’est-ce qu’il voulait, vous faire chanter ?

Le scientifique lui prit les cartes de mains.

— N’oubliez pas que demain à 11h00 précise l’explosion. Je ne veux pas que les deux zoulous se pointent et foutent le bordel.

Bowern cracha presque son dégoût.

— Je vous buterai un jour, Pellotier, je ne sais pas encore quand, mais je le ferai.

— C’est bien. Il faut avoir des objectifs précis de vie, sans quoi on arrive à rien. En tous cas, tenez-vous prêt. On décolle après. Un avion nous attend à deux kilomètres d’ici.

— Un avion ? J’aurai dû m’en douter. C’est ce qu’avait découvert le Doc ?

— Il n’avait pas eu besoin de le découvrir, puisque c’était lui le pilote. Maintenant c’est vous.

— Et pour aller où ?

— Bowern, je ne suis pas aussi stupide que vous semblez le croire. Vous m’annoncez vos intentions à mon égard et je vous donnerai toutes les informations nécessaires pour nous fausser compagnie sans moi ? Vous allez devoir remettre à plus tard vos envies de meurtre. Tenez vous prêt ; la marge est faible.

Bowern acquiesça d’un mouvement de tête et avec un sourire en coin il répéta :

— Mais je vous tuerai, un jour.

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P
<br /> J'espère aussi qu'il le tuera.<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Laissons-les s'entre-tuer. Lorsque deux crétins se font la guerre : il n'y a jamais de vainqueur.<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> J'ai compris le plan B,tout doit disparaître en effet, mais il restera encore deux "méchants" : Bowern & Pellotier !<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Vous avez compris que pour eux aussi l'aventure s'arrête.<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> Je crois que je n'ai pas tout compris, donc j vais reprendre la lecture des deux derniers épisodes. Belle soirée à toi !<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Il m'arrive de me perdre aussi, parfois. De même que je ne comprends pas tout ce que j'écris. Pas d'inquiétude donc.<br /> <br /> <br /> <br />