Le fils de Manique

Publié le par L'Eunuque

Le journaliste était sensé apporter un éclaircissement à cette affaire et dès les premières révélations, il ajoutait une couche de brouillard.

— Je comprends votre étonnement. Partant de cette agression, comment se retrouve-t-on 7 mois plus tard avec un enfant prématuré, un accident de voiture et deux cadavres ? Deux cadavres, mais trois disparus.

— Comment ça ?

— Nous avons Manique Bouvet, Adrien Vallençay mais qu’est devenu Julien Ménard ?

— Et Paul Bouvet ?

— La charogne, ça pourrit mais ça ne meurt pas facilement. Il vit avec sa vieille mère, quelque part aux alentours de Fondettes. Je ne sais pas trop où. Il paraît qu’il est bien amoché par la vie, il reste néanmoins dangereux. Je n’ai jamais cherché à le revoir, pas depuis la fameuse nuit où sa fille est morte. Julien Ménard a bel et bien disparu. Il est vrai aussi que seuls les vivants peuvent être suspect.

— Vous avez une explication ?

— Peut-être que Paul Bouvet a fini par le retrouver et le tuer.

— Ce n’est pourtant pas lui qui s’est enfuit avec sa fille.

Michel Joffre fouilla dans sa serviette en cuir et sorti deux documents qu’il posa sur la table.

— Ce sont les rapports de la gendarmerie, concernant l’accident. Je veux dire un premier puis un second qui ne dit pas tout-à-fait la même chose. Dans le premier, un gendarme, le brigadier chef Plantier, relève que les freins du véhicule ne répondaient plus, suite à une rupture du conduit de liquide de frein, qui avait été sectionné. Accidentellement ou volontairement. Adrien Vallençay était passionné de voiture et de mécanique, il n’aurait jamais prit la fuite avec une voiture en mauvais état. Mon avis, c’est que quelqu’un a trafiqué la voiture. D’accident, nous passons à homicide volontaire. Le deuxième rapport, lui, ne mentionne pas cette anomalie. Il conclut par une sortie de route suite à un excès de vitesse. Il n’est pas signé par la même personne et surtout il est rédigé par quelqu’un qui n’a pas participé à l’enquête.

— Comment pouvez vous être aussi affirmatif, s’étonna Marc ?

— Je suis journaliste, je fais de l’investigation et j’ai mes sources, se venta Joffre.

Gérard haussa les épaules et dit en direction de Marc :

— Il a interrogé le brigadier Plantier, qui, à partir du moment ou il a été écarté de l’enquête, s’est trouvé tout disposé à faire des révélations.

Le journaliste fit une moue admirative envers Gérard.

— Effectivement. Il savait surtout que je ne pourrais pas en faire grand-chose. Il m’a cependant indiqué que l’ordre de modifier le rapport était venu de haut lieu, sur la demande expresse de l’oncle d’Adrien, Simon Orfeuille.

Berth secoua la tête en signe de désaccord.

ça ne colle pas, ce que vous dites. Orfeuille aurait fait modifier un rapport qui prouverait le meurtre de son neveu et il préfère étouffer l’affaire.

— Moi non plus, je n’ai pas compris pourquoi et ne me regardez pas tous comme ça, je n’ai aucune hypothèse.

Le journaliste prit le temps d’avaler sa bière et en commanda une autre.

— Vous nous parlez avec beaucoup de facilité sur cette affaire.

— Pour une fois que quelqu’un m’écoute.

— Si nous revenions à cette histoire de gamin.

Le journaliste fit oui de la tête en entament sa deuxième boisson.

— Là aussi, il y a des incohérences et des zones d’ombre. Manique Bouvet, pour des raisons que j’ignore accouche au château, le 21 Mars 1954 et meurt dans un accident de voiture le 5 avril, soit deux semaines après son accouchement. L’enfant est reconnu par Adrien Vallençay le 7 avril, soit deux jours après sa mort, le jour où le gamin disparaît du château. Et mieux encore, le certificat de mariage une semaine après. Celui ou ceux qui ont fait ça, étaient tellement sûrs d'eux qu'ils n'ont même pas anti-dater le document.

— C’est absurde et trop gros. N’importe qui de sensé se serait aperçu de cette énormité.

— Qui ? Dites-moi qui ? Quand personne ne veut rien connaître de la vérité pourquoi voulez-vous qu’elle éclate au grand jour. Moi j’ai voulu écrire l’article, on me l’a plus que déconseillé. Je ne suis pas un héros et je voulais garder mon boulot. Voilà, vous savez à peut près tout.

Chacun digéra à sa manière les informations qu’on venait de leur délivrer. Ils voulaient de l’exceptionnel, ils étaient servis. Ils ne savaient pas encore ce qu’ils allaient bien pouvoir faire de tout ça.

— C’est vous le fils de Manique, demanda Michel Joffre à Berth ?

— Qu’est-ce qui peut vous faire croire ça ?

— Vous avez pris du côté de votre mère et pour ainsi dire rien d’Adrien.

— Vous connaissiez ma mère ?

— Une brave fille aussi que martyrisait son père. Ce type a toujours martyrisé tout le monde.

Gérard leva le doigt comme s’il demandait la parole.

— Je suis perplexe, quant à votre sympathique exposé.

— Vous avez le droit de ne pas me croire, s’insurgea le journaliste en ramassant les papiers devant lui.

— Pas sur ce que vous avez dit mais sur vos motivations à nous les révéler.

Joffre eut un léger sourire.

— Vous avez entendu parler de Lucien Broue ?

— C’est le type qui a été retrouvé mort sur la route près du château ?

Tout le groupe se tourna vers Patrick, étonné qu’il connaisse ce type.

— Bah quoi, je lis les journaux, je m’intéresse.

— Le jeune homme a raison. Lucien Broue était une belle ordure aussi. On l’a vu souvent trainer avec le Paul Bouvet. Une semaine après votre arrivée, monsieur Berth, il est retrouvé dans un fossé, tabassé à mort. Certains trouveront que c’est encore une coïncidence. Moi, je crois que, parce que vous êtes revenu, certaines histoires vont ressurgir. Vous étiez perplexe quant à mes motivations, je pense que cela répond à votre question. Le seul qui détient sans doute les pièces manquantes du puzzle c’est cette sale bête de Bouvet. Je vous déconseille d’entrer en contact avec lui. Il est dangereux, très dangereux.

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B
<br /> rhala,la,la!...j'ai pris un de ces retard!!! Il me faut du temps pour tout assimiler...mais j'compte bien le prendre ;)<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Prenez votre temps. Tout va bien. Respirez par le nez.<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> Moi je suis "l'halojeune". J'aime bien les sonorités, ça me conviens. Mais quelle est la signification ? Dans ma tête, il y a des centaines de théories farfelues, la première étant le rapprochement<br /> phonétique avec halogène. Alors qu'en est il, qu'en est il !?<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Halo : comme une lumière dans la nuit, un espoir pour le futur. Etre jeune ou vieux ne veux rien dire, mais être aussi jeune et avoir déjà cette envie mordante d'écrire, vous promet un avenir<br /> radieux, lumineux. Voilà en gros ce que cela avait la prétention de dire.<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> C'est effectivement un puzzle,mais qui a trop de pièces pour moi !<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Il n'est pas toujours utile d'attendre la dernière pièce du puzzle pour en deviner le sujet.<br /> <br /> <br /> <br />
N
<br /> Dangereux...mais il va sûrement avoir envie de lui parler...<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Entre l'envie et la nécessité, il va devoir faire un choix.<br /> <br /> <br /> <br />