La jeune fille et le papillon
— Julie sommeille encore, lui dit l’infirmière de garde.
— Bien, alors je vais m’en aller.
— Attendez encore, elle ne va pas tarder à se réveiller.
— Je ne peux pas, pas aujourd’hui.
— Elle va être triste si elle sait que vous êtes passé et que vous n’êtes pas resté.
— Alors, ne lui dites rien. Puis… ne faisons pas comme ci c’était possible. Elle vit, c’est certain, mais nous ne sommes rien dans sa vie. Tout juste une curiosité. Comme l’autre fois, le papillon qui est entré dans sa chambre et qui l’a fait tant rire.
— Mais, vous n’en savez rien.
— D’accord, disons que ça m’arrange de le croire.
— Vous ne voulez pas rester encore un peu ? Vraiment ?
— Je dois partir.
Et c’est ce qu’il fit. La femme regarda par la fenêtre s’éloigner l’homme d’un pas sûr. L’écho du rire de Julie l’accompagnait encore. Il se la remémorait, le corps qui chavirait sous les coups de l’hilarité. Elle volait dans la pièce avec le papillon, libre et légère comme son esprit.
Elle danse sur des parquets immenses
Aussi luisants qu'un lac
Confuse dans les vents qui s'amusent
A sa robe qui claque…
Julie est sa seule joie, pour son plus grand malheur.