La jeune fille et le papillon

Publié le par L'Eunuque

— Julie sommeille encore, lui dit l’infirmière de garde.

— Bien, alors je vais m’en aller.

— Attendez encore, elle ne va pas tarder à se réveiller.

— Je ne peux pas, pas aujourd’hui.

— Elle va être triste si elle sait que vous êtes passé et que vous n’êtes pas resté.

— Alors, ne lui dites rien. Puis… ne faisons pas comme ci c’était possible. Elle vit, c’est certain, mais nous ne sommes rien dans sa vie. Tout juste une curiosité. Comme l’autre fois, le papillon qui est entré dans sa chambre et qui l’a fait tant rire.

— Mais, vous n’en savez rien.

— D’accord, disons que ça m’arrange de le croire.

— Vous ne voulez pas rester encore un peu ? Vraiment ?

— Je dois partir.

Et c’est ce qu’il fit. La femme regarda par la fenêtre s’éloigner l’homme d’un pas sûr. L’écho du rire de Julie l’accompagnait encore. Il se la remémorait, le corps qui chavirait sous les coups de l’hilarité. Elle volait dans la pièce avec le papillon, libre et légère comme son esprit.

Elle danse sur des parquets immenses

Aussi luisants qu'un lac

Confuse dans les vents qui s'amusent

A sa robe qui claque…

 

Julie est sa seule joie, pour son plus grand malheur.

 

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I
<br /> Un texte extrêmement délicat qui touche au ventre.<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Merci pour votre délicate remarque.<br /> <br /> <br /> <br />
T
<br /> merci pour ta visite sur mon blog.<br /> Dis donc, tout ça c'est sombre, ça me file les frissons. T'as pas le moral ? Si tu passes en rhone alpes, je t'invite à boire une biere<br /> PS : mamie aime l'anisette m'a fait rigoler<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Un côte du Rhône Village me conviendrai mieux (Rasteaux ou Cairanne). Merci.<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Beau à chialer. Oui, je suis une femelle qui peut ressentir parfois des émotions humaines, ton texte me touche. Comme tous les autres. J'ai l'impression que ton existence d'Eunuque est un puzzle<br /> dont tu nous laisses, petit à petit, reconstituer le modèle. J'aime beaucoup. C'est vrai tu t'absentes ? Tu vas me manquer pour dire vrai. Reviens vite...<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> I'm back. Un peu crevé. Je suis moi-même touché par votre émotion. Comme quoi, lorsqu'on se sent castré de toutes émotions humaines, certaines peuvent remonter du fond, du fin fond de ce que nous<br /> avons été et nous étonner encore.<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> Tout peut "aller bien" avec malgré tout un faille, une plaie qui, jamais, ne se referme;<br /> Voilà ce que je crois.<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Les plaies ne se referment jamais complètement. On vit avec, on s'habitue, on aime le croire assurément.<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> Où commence le rêve, où finit la réalité ? Je crois qu'il y a beaucoup de vécu dans ce récit qui semblerait fantastique s'il n'y avait cette dimension de la douleur...<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Et si c’était à vous d’en déterminer les frontières ? Nous sommes des êtres de joie, mais aussi de douleur.<br /> Dois-je vous rassurer en vous disant que tout va bien ? Le croiriez-vous ?<br /> <br /> <br /> <br />