Les Dames d’Heurteloup

Publié le par L'Eunuque

Le Jean-Claude marchait d’un pas sûr. Le torse gonflé à bloc, enfermé dans un Marcel à grosses côtes. Il saluait au passage des collègues qui orientaient tant bien que mal des bataillons de gamins excités et apparemment heureux d’êtres ici. Ils étaient tous habillés pareils : maillot de corps et large short bleu, ainsi que des sandales en plastique transparent. Cet uniforme était uni sexe. Les filles étaient aussi habillées de la même façon avec peut-être une dernière touche esthétique : un cerceau qui plaquait les cheveux long vers l’arrière.

— Tu ne seras pas obligé de t’habiller pareil. Tu fais partie des grands. Toi et les autres vous mettez ce que vous voulez. Si tu n’as pas assez de vêtements, va en demander à l’économat. Slips, chaussettes, chaussures aussi. Vous êtes cinq désormais. Vous faites ce que vous voulez dans la mesure du règlement. Les autres t’expliqueront ce qu’ils prennent un plaisir à transgresser. Votre seul référent dans la colonie c’est moi. Les sorties au village ne peuvent se faire qu’avec moi. Ah, évite de t’associer à cette demande idiote qu’ils réitèrent sans cesse, celle qui demande à ce que je vous amène à Tours, un soir, boulevard Heurteloup pour un dépucelage.

— Ils ont des puces ?

Jean-Claude s’arrêta net.

— Bien sûr que non… un dépucelage… enfin, tu me fais marcher ?

— Ouais.

Le moniteur se sentit soulagé de ne pas avoir à donner un cours sur l’utilité des Dames qui font semblant d’attendre leurs maris Boulevard Heurteloup.

Jean-Claude continua sa visite.

— Ici les douches. Sur la porte, les horaires de passage de chaque groupe. Pour vous, c’est le soir quand les autres sont couchés. Pas d’intrusion auprès des grandes. Elles ont l’autorisation de riposter avec les savons de Marseille, gros comme les pavés de mai 68.

— Nostalgique, peut-être ?

Jean-Claude se mit à rire.

— Oui, et c’est pas rien de le dire.

Ils entrèrent ensemble dans un corps de bâtiment en U, de plain pied et en bois. Traversèrent des dortoirs d’un minimum d’une quinzaine de lits, puis arrivèrent dans une petite partie où il y avait que six lits.

— Voilà, c’est ici. Prends un des deux lits non occupé. Les autres sont à la pêche, ils vont rentrer bientôt.

« Voilà, se dit-il une fois seul, ça y est, j’y suis et je n’ai pas envie d’y être. Mais, j’ai promis à grand-père ». Il déballa ses affaires, les rangea dans le petit placard qui lui était réservé et prit le livre qu’il avait commencé dans le train : « Le roi des Aulnes », qui venait de sortir. Il lut et s’endormi.

— Hey, t’es qui toi, le réveilla une voix forte à l’haleine chargée ?

— C’est le mec qui devait venir, qu’on t’a déjà dit, dit une autre voix plus loin à l’entrée.

— Ah ouais, bah faut pas que tu la ramènes ta grande gueule, dit la brute en tapotant le torse d’un doigt ferme.

— Arrête de faire le con, Gérard, dit un autre qui venait de rentrer.

Le Gérard en question fit un large sourire à Berth et lui tendit la main.

— Moi, c’est Gérard.

— J’avais cru comprendre oui, dit enfin Berth non mécontent de n’avoir eu à en débattre avec ce type aussi haut de lui, mais plus large de 30 kilos.

— Avoue que ça t’a fait remonter les castagnettes jusqu’à derrière les oreilles. Je le tiens bien mon rôle du méchant de la bande, non ?

— Surtout au niveau de l’haleine.

Gérard avait l’air résigné.

ça, c’est à force de lécher le cul des putes.

Les autres, tous arrivés, se mirent à rire. Berth se redressa, posa son livre et se leva.

— Moi c’est Patrick, dit le prénommé.

— Marc.

— Batiste.

Comme il y eut un silence, Berth compris qu’il fallait qu’il se présente.

— Je m’appelle Berth.

Rire général.

— Et bien, dit Marc, t’as pas fini qu’on se foute de ta gueule.

Batiste, qui lui n’avait pas ri, pris le livre qu’il trouva sur le lit.

— Tu lis ça, Michel Tournier ?

— Oui.

— Dit moi, ce n’est pas simple comme auteur.

— Pas trop non.

Gérard le lui prit des mains.

— C’est quoi, un livre de cul ? La vache, y a que des trucs avec des lettres dedans, comment ça s’appelle déjà.

— Des mots ?

— Ouais, c’est ça des mots.

— Ne fait pas attention, dit Marc qu’on n’avait pas encore entendu, il fait le malin parce qu’il vient d’avoir son Bac avec mention.

— C’est mieux que pas du tout.

— Hey ducon, je suis plus jeune que toi, je le passe l’année prochaine.

— Comment tu m’as appelé ?

— Bah, ducon.

— Au temps pour moi, j’avais cru entendre quelque chose de gentil, ria Gérard en se tenant l’entrejambe.

Bastian soupira.

— Et c’est comme ça toute la journée. Il est épuisant. Il a trop fait fonctionner sa tête ces dernières semaines, alors désormais il ne pense plus qu’avec sa bite. On s’est même cotisé pour un pèlerinage à Tours, mais Jean-Claude, notre mono ne veut pas. Alors on reste là, à attendre un miracle.

— En son temps, je me serais bien tapé la petite grotte de la Soubirous, continua Gérard d’un air songeur.  Je te l’aurais envoyée au ciel, elle en aurait vues des Saintes Vierges, crois-moi.

— Ta gueule, dirent de concert les trois autres.

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P
<br /> Sourire... Je n'ai jamais été interne, mais j'ai été pionne. Et ça me rappelle des souvenirs. :)<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Ah les ados et la dure mise en place de leurs hormones.<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Je suis sûre que si je te dis que mon Paternel s'appelle Gérard tu sera pas surpris ^^<br /> Fais attention quand tu ramasseras le savon dans les douches<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Effectivement, je ne suis pas surpris. Merci, je ferai attention.<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> C'est bcp mieux, mais il reste des erreurs (je juge en "bon père de famille" pas en méchant prof de Lettres !)<br /> Il vaut mieux écrire des textes plus courts pour se concentrer plus et rester tjrs maître de son inspiration svt débordante ! Amicalement<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Jamais content. Ayant adopté le principe du feuilleton, je n'ai malheureusement pas le temps de faire court.<br /> <br /> <br /> Très amicalement aussi, bien sûr.<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> C'est plus intéressant et j'ai pris du plaisir à lire cet épisode en dépit des énormes fautes d'orthographe (surtout dans les verbes) J'y suis très sensible à cause de mon ancien métier ...<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Puisque que vous avez fait l'effort de me lire en dépit des fautes, je vous propose ce nouveau texte avec 15 fautes de moins. Je ne peux pas faire mieux et suis capable de pire. Si votre ancien<br /> métier s'apparente à ceux de l'éducation nationale, sachez que certains de vos collègues ont été moins patients avec moi, voire pas du tout. Je ne blâme personne, il n'est plus temps.<br /> <br /> <br /> <br />
B
<br /> ah ! Encore un Gégé à la grande chicane !<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> C'est sans doute à cause du prénom.<br /> <br /> <br /> <br />