Napoléon aime le cul des vaches

Publié le par L'Eunuque

Un car l’avait pris à la gare de Tours pour le déposer à Fondettes, pas très loin du Château de Taillé.

Au-delà de la grille, une longue allée d’arbres qui ombrageaient les lieux, paraissait interminable. Berth dû actionner une cloche, un peu trop fort d’ailleurs, ce qui donna à celle-ci un son apocalyptique.

Il entendit au loin les râles d’un homme.

— Holà, holà, qui c’est-y qui m’arrache donc ce foutu clochaillon que ça va me le coincer encore ? J’ suis point core trop sourd, pour n’intendre.

La voix était grave, puissante. Berth vit déboiter d’un coin, un homme, qui marchait en balançant sa jambe droite, d’une façon qui lui fit comprendre que celle-ci n’était pas de chair, mais de bois.

— C’est toi, le monsieur qui fait gueuler la chienne ?

— Je suis attendu par Monsieur Orfeuille.

— « L’ai attendu », voyez-vous comme il parle bien, se foutait de lui le gardien.

— Bon, vous me faites entrer, je ne vais rester là toute la journée.

— P’tre ben.

Berth commençait à s’agacer.

— Hey vieux machin, dans deux minutes, si je suis pas entré, ta merdeuse de cloche là, je la gare dans le cul d’une des vaches du champ d’à côté.

Le gardien se mis à rire, d’un rire aussi bruyant que sincère. La colère du jeune homme disparu.

— L’cul d’une vache, répéta-t-il, entre donc bonhomme, tu vas rester derrière c’ te grille toute la nuit non plus.

Il fit grincer la grille, Berth l’y aida. Elle était lourde et sinistre.

— Faudrait y mettre de la graisse mais, à pas l’ temps.

Berth ramassa sa valise et entra enfin.

— L’cul d’une vache, répéta tout le long du chemin qui menait au château.

Berth aperçu des groupes d’enfants, de tout âges mais que des garçons.

— Y en a des mômes ici ?

— Tu sais rien donc, qu’ici y a des colonies de vacances avec les gars, les filles ont mélange tout là dedans ?

— Non, apparemment.

— Bah, quek t’es venu faire ici ?

ça, mon vieux, quand je le saurais, je viendrai vous le sonner.

— T’iras pas la mettre dans l’cul de la vache, donc, ria de plus belle le bonhomme, non sans oublier de se racler la gorge et envoyer un crachat chargé sur les parterres aménager de fleurs. Il en profita pour se remonter les couilles que le fou rire les lui avait fait descendre.

— Entre donc, c’est là, lui désigna le gardien. Moi, c’est Napoléon, comment c’est toi ?

— Berth.

— C’t’un truc de bonne femme ça.

— Faut croire que ça sert aussi pour les hommes.

— Ouais, pas sûr. T’es un marrant toi, j’aime bien.

Puis Napoléon reparti d’où il était venu.

L’intérieur du château était sombre. On avait fermé les volets pour garder un peu de fraicheur. L’été était chaud en cette année 1970. Berth inspecta les lieux, puisqu’il n’avait rien d’autre à faire. De mémoire, il n’était jamais entré dans un château. Sans avoir une idée précise de ce que cela pouvait être, il trouvait cette demeure ci, un peu chiche pour avoir la dénomination de « demeure royale ». Une voix le sorti de sa visite.

— Vous désirez quelque chose, jeune homme ?

Un homme plus très jeune, le regardait du haut des escaliers. Il tenait un livre dans une de ces mains et des lunettes dans l’autre. Il les chaussa.

— Je suis… commença à dire le jeune homme.

— Le petit fils du père Jaouen.

— Oui, c’est ça.

L’homme descendit les quelques marches pour accueillir son hôte.

— Avancez donc, je suis heureux de vous recevoir ici.

Entra alors un jeune homme qui n’avait pas 25 ans.

— Monsieur Orfeuille… vous êtes occupez, je repasserai.

— Non, entrez au contraire. C’est le jeune homme dont nous avons parlé. Tiens… allez lui montrer sa chambre et présentez le aux autres de son âge. Comment vous appelez-vous déjà ?

— Berth, monsieur.

— C’est cela oui, Berth et bien après revenez me voir que nous discutions un peu.

— D’accord, acquiesça Berth.

Puis les deux jeunes hommes quittèrent le hall. Le vieil homme les regarda s’éloigner.

— Il ressemble énormément à son père, Dieu le préserve, parla-t-il tout seul. Plus qu’à sa mère.

— Que dis-tu grand-père, demanda une voix féminine du haut de l’escalier.

— Rien ma chérie, rien.

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A
<br /> "Il en profita pour se remonter les couilles que le fou rire les lui avait fait descendre."<br /> Faudra que j'pense à arrêter de faire rire mon homme moi ou sinon il se prendra bientôt les pieds dans ses bijoux de famille.<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> La première fois, au delà du mal que cela peut faire, ça doit surprendre.<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Bon ben faudra que j'arrête de faire rire mon homme sinon il finira par se prendre les pieds dans ses bijoux de famille...<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> J'espère qu'il n'a pas l'âge de Napoléon, sinon c'est foutu.<br /> <br /> <br /> <br />
B
<br /> Accueil bien sympathique ! ^^<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Les gens qui savent qu'ils n'ont pas beaucoup d'autorité essayent d'instaurer auprès des nouveaux arrivants, qui ne le connaissent pas, un semblant de supériorité. Cela n'a pas marché avec<br /> L'Eunuque. Tant pis, il essaiera avec le prochain.<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> J'aime bien Napoléon tout d'un coup !<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Celui-ci a fait une guerre de trop, cela lui a coûté une jambe.<br /> <br /> <br /> <br />