Jamais mieux servi que par soi même

Publié le par L'Eunuque

Astrid avait fait demi-tour après avoir entendu la déflagration. Elle avait, sa vie durant, manié assez d’armes pour savoir que celle-ci était un gros calibre.

Elle activa le pas suivi de près par un de ces hommes de main et passa à nouveau sous le porche. Elle vit l’homme qu’elle venait de rencontrer allongé sur les pavés de sa cour intérieure, une mare de sang lui entourant la tête. Un peu plus loin, son chapeau qu’une balle avait fait voler avant de pénétrer le crâne.

L’homme de main, sans qu’on lui dise, sorti son arme et avança prudemment. Quelques secondes plus tard il fit signe à sa patronne d’avancer.

Elle s’approcha de l’homme touché et tata la carotide sans trop y croire.

— Il est vivant. Appelez le SAMU.

— Bien madame.

— Et prenez ça et compressez la plaie.

Elle se mis un peu à l’écart et appela de son côté.

— Quelqu’un l’a touché à la tête, la balle a traversé la boîte crânienne, dit-elle à quelqu’un. Il est vivant… non, nous n’avons vu personne… bien, Monsieur, je m’en occupe.

Se tournant vers l’homme qui compressait la plaie du blessé.

— Vous avez eu le SAMU ?

— Je suis en attente.

— Laissez tomber. Quelqu’un de chez nous va venir le chercher.

— Bien, Madame.

 

Deux rues plus loin, un homme avait arrêté de courir puis de marcher vite. Il avait chaussé ces lunettes de soleil aux reflets métalliques. En passant devant une pharmacie, il s’arrêta pour se regarder dans la glace qu’il y avait dans la vitrine. Il remit en place une mèche gominée qui avait quittée son emplacement initial. Il retira ces lunettes et se regarda dans le blanc des yeux. Il se trouvait étonnement calme. Il avait retrouvé sa sérénité et les angoisses s’étaient envolées à partir du moment où il avait vu s'écrouler L’Eunuque. Cet enfoiré devait se douter de quelque chose car en tombant, il avait laissé s'échapper sa matraque de métal déjà dépliée. Mais le tireur avait été plus malin et surtout plus rapide. Il repensait à Williams, le bichon préféré de Madame Pierre, dont on avait retrouvé le corps récemment. Avant de partir, l'homme avait récupéré la matraque comme un trophée.

— J’aurais du faire ça moi-même depuis longtemps.

Il rechaussa ces lunettes, puis se ravisa.

— C’est vrai que j’ai l’air d’un con avec ça.

Il les balança dans le caniveau. Son téléphone sonna.

— Commissaire Varjac. Oui c’est moi qui ait appelé, j’ai entendu un… vous êtes sûr ? Je suis dans le coin, j’arrive.

Varjac se mis à courir dans l’autre sens, lorsqu’il arriva sur le lieu de l’attentat, une voiture de police attendait devant le porche. Un des policiers le salua.

Varjac entra dans la cours où quelques minutes plus tôt le corps de L’Eunuque gisait.

— C’est impossible, se dit-il tout bas.

Une mare de sang authentifiait qu’il y avait bien eu crime. Varjac regardait autour de lui comme s’il avait perdu quelque chose.

— Il s’est passé quelque chose ici, dit un des inspecteurs, mais apparemment pas de blessé mortel. Pourtant, avec tout ce sang, il ne doit pas être frais le bonhomme.

— Vous avez vérifiez auprès du SAMU, pour savoir s’ils ne sont pas passés avant vous.

— Nada.

— Bon, bah, faites quelques vérifications et voyez si les gens qui habitent ici on vu quelque chose.

L’inspecteur haussa les épaules.

— Commissaire, personne n’habite ici. Cet immeuble est insalubre et il doit être démoli.

— Bon, rentrez à la maison. Pas la peine de faire un rapport. On a assez de merde à gérer comme ça.

Varjac fut le dernier à partir. Il regarda une dernière fois dans la cour sans comprendre.

 

 

Quelque part, ailleurs…

— Qu’est-ce que vous en pensez, demanda un vieil homme au chirurgien ?

— C’est pas joli, mais la balle n’a pas touché de parties vitales du cerveau, même si un bon morceau de la grosseur d'un œuf de poule est resté dans le chapeau. Il a perdu beaucoup de sang, c’est ce qui m’inquiète le plus. On va lui reconstituer un bout de la boite crânienne. Quant au cuir chevelu, la peau est plutôt belle. Il n’y paraitra quasiment rien. La seule inconnue, reste les séquelles. Elles peuvent être nulles comme elles peuvent être conséquentes et irrémédiables. Pour l’instant, il est dans le coma. Va falloir attendre.

— Et bien attendons.

Le vieil homme allait partir.

— Et concernant ce dont nous avons parlé, demanda-t-il sur le pas de la porte du bloc opératoire ?

— J’ai pas mal de place désormais. Je pourrai m'installer là, dit-il en montrant un endroit sur un des clichés du cerveau du blessé. Ce qu'il y a, c'est que une fois installé, ni nous ni personne ne pourra jamais le lui retirer.

— Dans l'état actuel des choses… et de la science. Faites-moi savoir lorsque vous serez prêt.

— Bien monsieur. 

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A
<br /> J'aurais tout donner pour réussir à voyager dans le cortex de l'Eunuque...<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Le voyage est long, les méandres interminables…<br /> <br /> <br /> <br />
B
<br /> Yeah! J'ai eu peur que la "saison2" ne tarde, mais je contaste que la suite de vos aventures est "déjà" là ! I'm so happy ^^<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> C'est le principe du feuilleton, pas un jour sans un épisode. "Votre plaisir est le mien", je crois que c'est comme ça qu'on dit.<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> Ouf, ça laisse présager une nouvelle aventure... et quelle aventure !!! S'installer et vivre dans le cerveau d'un autre.<br /> Pour ma part, si votre toubib peut m'arranger le coup et m'introduire dans le cerveau de Martine La Grande Gueule... j'adore les labyrinthes.<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> On ne sait pas trop encore ce qu'il a l'intention de mettre dans le cerveau de L'Eunuque, mais je ne pense pas que ce soit cool. Les labyrinthes sont sans doute passionnant les premières minutes,<br /> puis quand on n'arrive plus à trouver la sortie, on finit par appeler sa mère.<br /> <br /> <br /> <br />